L’homme nu

Imaginez un monde où, sous couvert de santé publique et de gestion des dépenses, chacun se verrait équipé d’instruments de mesure de son poids, de ses efforts physiques quotidiens, du nombre de calories avalées matin midi et soir, ces données étant directement envoyées aux assureurs. Le montant de vos cotisations serait calculé selon vos ‘efforts’.

Bonus : vous avez été obéissant, vous aurez votre remise tel un nonos. Malus : vous êtes un feignant pathologique, potentiellement coûteux, vous allez banquer.

Un monde où chaque mail, texto, note numérique, message privé via les réseaux seraient expédiés dès leur écriture au-delà des frontières nationales, étudiés, archivés, par des inconnus sans visage ni légitimité.

Un monde où les élections présidentielles se joueraient in fine entre les algorithmes choisis par les candidats pour influencer les indécis.

Un monde où votre web cam pourrait s’allumer discrètement et à distance, où votre PC pourrait être visité à volonté par des services étrangers, et ce sans mandat bien entendu.

Un monde où la lecture de votre ebook serait décortiquée de loin (quelles pages avez-vous sauté ? Sur lesquelles vous êtes-vous attardé ?)

Un monde où la vie privée serait annihilée.

Ce monde monstrueux existe et, nous y vivons.

Marc Dugain (auteur entre autres du remarquable ‘La Malédiction d’Edgar’, qui interrogeait déjà la réalité de la démocratie américaine à travers le parcours d’Edgar Hoover) et Christophe Labbé (journaliste d’investigation au Point) relient ce que nous devinions vaguement, dans leur ouvrage ‘L’Homme Nu’, chez Robert Laffont.

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